Le blog Lexidys a republié la semaine dernière un article open source initialement diffusé par The Conversation, intitulé "Dyslexie, quelle police choisir ?", écrit par Benjamin Pastorelli Docteur en psychologie, Université de Bourgogne – UBFC (Nov 2023). 

Rien de bien nouveau, excepté que de plus en plus d'auteurs et chercheurs remettent en question l'apport des polices spéciales dys (Open Dyslexic, Dyslexie, EasyReading...) au profit de polices standard comme Arial ou Time New Roman (polices romaines et sans empattement) quand celles ci sont adaptées en matière d'espacement :  "Finalement, ce ne serait pas la police elle-même qui aiderait à la lecture, mais de simples questions d’espacement."

Courte phrase saisie en taille 16 : l'espacement  entre les lettres des polices dys 
impose un retour à la ligne. 

Je partage toute l'importance donnée aux règles typographiques concernant l'espacement entre les lettres, mots et interlignes (en y ajoutant bien sur la taille des caractères et parfois pour les plus jeunes la colorisation des syllabes, graphèmes ou l'alternance des lignes...), mais je trouve la critique des polices spéciales un peu rapide quand on sait que celles ci ont été justement les premières à intégrer un espacement entre les lettres, tout en optant pour une typographie composée de caractères épaissis plus facilement perceptibles. 
Problème : cet espacement au sein des polices dys n'est pas paramétrable, et l'article ne mentionne pas comment modifier les règles d'espacement des polices standard. 
Au sein des traitement de texte Libre Office et Word, ce paramétrage existe et consiste à créer  un style personnalisé. La technique n'étant pas très intuitive et très rarement enseignée en école, plusieurs auteurs ont conçu des outils plus faciles d'accès sous forme de rubans (complément ou extension pour Word ou Libre Office) permettant de créer un style d'affichage personnalisé en proposant une sélection de paramètres, parmi les plus courants : 
C'est le cas de Studys (pour Word), ou du plugin pour Libre Office du Cartable Fantastique. 

Adaptation de texte : Studys /  Plugin Libre Office du Cartable Fantastique

Cependant, il vous faut savoir que Word et Libre Office ne proposent qu'une liste limitée de polices, proposées par défaut. Il est bien sur possible de la compléter en téléchargeant des polices spécifiques dont celles évoquées, et beaucoup d'autres (dont l'intéressante police Luciole initialement créée pour les personnes malvoyantes, qui intègre espacement et caractères épaissis.).  
Vous trouverez une sélection des meilleures d'entre elles dans une fiche technique publiée par le TechLab APF intitulée "Polices, accessibilité et Confort de lecture", et sur cette autre page qui rassemble un visuel et une liste de liens pour les télécharger. 

Si le sujet vous intéresse, je vous invite à revoir l'article que j'avais publié en 2020 en réponse à un autre  un article choc intitulé : "Non, les polices « dys » n’aident pas les dyslexiques !"
>>>iCi<<< (article détaillé, argumenté, avec conseils pratiques). 

Ayant longtemps travaillé en consultation spécialisée sur ces thèmes, mon meilleur conseil est de procéder en présence du jeune à un bilan clinique et fonctionnel, réunissant : 
- l'ergothérapeute (qui disposera d'un panel complet d'outils, traitements de texte, polices standard et spécifiques, outils d'adaptation et de personnalisation de l'affichage des textes....),
- l'orthophoniste (pour ses compétences en évaluation de la fluidité de la lecture (déchiffrage), et la compréhension du texte,
- l'orthoptiste (quand c'est possible),
en tenant compte bien sur du confort de lecture apprécié par l'utilisateur qui doit être pleinement associé à l'évaluation.
Ceci afin de déterminer les outils les plus performants en vue d'établir un profil personnalisé optimal à mentionner dans les bilans, tout en s'assurant de son utilisation sur les différents outils informatiques utilisés par l'élève (ordi perso, familial, classe pupitre, chez l'ergo, l'ortho...)...
Un profil à actualiser tous les six mois pour tenir compte des progrès de l'élève, qui à moyen terme doivent conduire si possible vers la lecture de textes non adaptés (magazines, journaux, romans…) 
Bien sur, l'utilisation de polices adaptées ne concernent pas exclusivement les traitements de texte, et on cherchera à les utiliser sur différents supports (PDF convertis), applications (navigateur, messagerie), ou supports numériques (smartphones, tablettes), quand cela est possible. 

Incidence de la typographie (police, taille, espacements entre lettres, mots et interlignes)
sur le confort de la lecture.